Expulsions d’anciens mineurs isolés vers la Guinée - Face au danger, organisons-nous !

Mardi 25 avril, Ibrahima Diallo a quitté le CRA2 Saint-Exupéry où il était enfermé depuis 2 mois et demi. Conduit à Roissy, il a été embarqué dans un vol pour Conakry.

La semaine d’avant, c’était Mamadou Mouctar Bah qui avait eu droit au même traitement.

Malgré toute sa propagande, Darmanin ne nous fera pas croire qu’Ibrahima et Mouctar étaient de dangereux délinquants menaçant l’ordre public !

Ibrahima était arrivé à Lyon en 2017, à 17 ans. Pris en charge par la Métropole, il avait obtenu un titre étudiant qu’il n’a pas réussi à transformer en titre salarié après avoir obtenu son CAP Mécanique automobile au lycée François Cevert. Il avait alors fait une demande d’asile qui a été refusée. Il travaillait au noir dans des restaus, mais a été contrôlé vers la place Mazagran, ce qui l’a conduit au CRA, dans la zone appelée "TOP" (troubles à l’ordre public) par la PAF...

Mamadou Mouctar Bah était aussi arrivé en 2017 et avait obtenu le même CAP qu’Ibrahima au lycée Cevert. Il préparait son Bac Pro en alternance chez Peugeot Citroën quand il a eu une 1ère OQTF pendant le confinement à la suite d’un « tapage nocturne » alors qu’il était en état d’ivresse. C’est une même histoire de cris dans la rue qui l’a conduit dernièrement au CRA. Il faut dire que la prise en charge ASE de Mouctar avait été chaotique, d’hôtel en hôtel, sans soins et prise en compte des problèmes psychologiques dont il souffrait manifestement.

Ces 2 récentes expulsions nous interpellent :

1/ Elles sont la conséquence du traitement injuste que la Métropole et/ou la Préfecture infligent aux mineurs isolés du temps de leur prise en charge comme mineurs, puis au moment de leur passage à la majorité : accompagnement social et éducatif largement insuffisant, choix de la Préfecture de délivrer des titres de séjour inadaptés, comme le titre « étudiant » très difficile à transformer en un titre plus sûr après les études…

2/ Elles révèlent que la Guinée est en train de franchir une étape très dangereuse pour les Guinéens de France. Main dans la main avec le gouvernement de Macron, la Guinée ne semble plus hésiter à délivrer les laissez-passer nécessaires à la politique d’expulsion de Darmanin, ce qui est nouveau et très préoccupant.
3/ Elles sont l’application de toutes les menaces d’expulsion de Darmanin. La menace à l’ordre public pouvant conduire au centre de rétention est brandie à propos de tout et n’importe quoi : bruit dans la rue, état d’ivresse, le moindre incident avec la police y compris quand vous n’êtes que témoin d’une bagarre, même les bagarres entre jeunes dans les foyers datant de très longtemps, les disputes avec des éducateurs ou des voisins… De plus, devenus majeurs, les anciens mineurs isolés n’ont droit à aucun examen particulier de leurs parcours.

Face au danger grandissant d’expulsion, il y a urgence d’agir pour se protéger. Il faut pour cela en discuter, participer aux réunions du Collectif jeunes de RESF pour décider, s’organiser et se mobiliser tous ensemble. La présence de tous à nos réunions est indispensable !

Collectif Jeunes RESF69.
http:// www.resf-jeunes69.fr